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"La Nouvelle-Zélande,

ça dépasse le cadre du sport"


Il a bien failli égaler Pierre Berbizier qui est le seul entraîneur à s'être imposé deux fois de suite en Nouvelle-Zélande lors de la tournée d'été 1994. Un succès à Christchurch et un autre à Auckland avec, en prime, le légendaire essai du bout du monde. En 2009, après un Tournoi compliqué, les Bleus de Marc Lièvremont réalisent l'incroyable performance de s'imposer à Dunedin (27-22). Aucune équipe française n'avait battu les Blacks chez eux depuis 1994. A Wellington, ils perdent le second test de quatre points (14-10) mais gagnent cette tournée gâchée par l'affaire Bastareaud dont le traitement a été « surréaliste » pour reprendre le mot de Marc Lièvremont. 


Il y aura enfin le 23 octobre 2011 et la finale de la Coupe du Monde, la troisième de l'histoire du rugby français après celles de 1987 et 1999. Nous sommes dans la mythique enceinte de l'Eden Park. La France s'incline d'un point, 7-8, après avoir été menée 8-0 à la pause. Un combat d'une formidable intensité. Jamais le XV de France n'a été aussi près du Graal. Le matin du grand rendez-vous, entouré de son staff, il avait traversé Aukland en footing. Sur le mont Eden, ils avaient chanté la Marseillaise et joué à toucher. Il se souvient aussi du « trou noir à la fin du match ». Et de cette envie d'être ailleurs. Il n'en reste pas moins attaché à la Nouvelle Zélande. « Quand on est rugbyman, on rêve d'affronter cette nation, son haka et d'aller chez eux car c'est le bout du monde. Une Coupe du monde ou une victoire chez eux, c'est toujours des moments importants car ils sont rares et forcément intenses. Ils dépassent surtout le cadre du sport car il y a là-bas un sentiment d'appartenance et toute une culture. Si on avait gagné là-bas, cela aurait l'un des plus grands exploits du sport français. Il reste cette déception et en même cette fierté d'avoir été, un jour, les meilleurs sur leur terre. »

"Il faut parfois sortir les dents"


Bernard Laporte a eu sa marionnette aux Guignols de l'info.  Accent du Sud Ouest, phrases en haut débit, elle intervenait souvent avant les rencontres entre la France et la Nouvelle-Zélande en expliquant par exemple que, jouer contre les Blacks, ce n'était pas « un test match mais un crash test ». Si Bernard Laporte n'a jamais gagné la Coupe du Monde – c'est le seul titre qui lui manque  –, il a réussi l'exploit de battre (20-18) les Blacks, le 6 octobre 2007, au Millennium Stadium de Cardiff, en quart de finale de la compétition, alors que les camarades de Carter et McCaw étaient ultra favoris (rappelons que quelques mois plus tôt, en juin 2017, les Français avaient encaissé, à Wellington, face aux Néo-Zélandais, la plus large défaite de son histoire ; 61-10). « Ce jour-là, se souvient-il, ils ne nous ont pas pris au sérieux. Ils mettent 13-0. Ils sortent du match. On revient. Ils paniquent. Ils ont perdu pied. »  


« Je suis sensible à la culture des Blacks, confie Bernard Laporte. Mais ils n'ont pas tout gagné. Je l'ai vu en entraînant des Néo-Zélandais à Toulon. Le rugby est un jeu. Un plaisir. Il n'y a pas mort d'homme. C'est peut-être ce qui leur manque. A certains moments, il faut sortir les dents. Pour eux, le combat n'est jamais prioritaire. Ils ne mettent pas l'accent dessus. Je l'ai vu avec Karl (Hayman) et Ali (Williams) – deux joueurs légendaires des Blacks qu'il a coachés à Toulon). C'est peut-être ça qui leur manque. Dans le jeu, c'est énorme. Ils apprennent à jouer au rugby avant d'apprendre à écrire. Ils savent tout faire. Et ce n'est pas le poste qui important. Si tu les mets trois quarts centre, ils savent jouer. Mais quand le combat devient prioritaire... »


Il est le seul entraîneur a avoir gagné

deux fois de suite en Nouvelle-Zélande


Aucun autre entraîneur n'a réussi à reproduire cette performance. A la tête de l'équipe de France, Pierre Berbizier s'est imposé deux fois de suite en Nouvelle-Zélande :  le dimanche 26 juin à Christchurch (1) et le dimanche 3 juillet 1994 (2) à Auckland avec un essai de légende, celui du bout du monde, signé Jean-Luc Sadourny après une séquence de jeu d'une autre planète. Il y a eu des milliers de « palettes » sur ce chef d’œuvre et Pierre Berbizier est souvent revenu sur ses secrets de fabrication avec notamment cette chorale qui, la veille du match, au moment du « capitain's run », avait entonné « La Marseillaise »...


« Ces deux victoires, dit-il, étaient la confirmation de la tournée précédente en Afrique-du-Sud. Dans l'ambition d'être champion du monde, il fallait se donner les moyens de battre les meilleurs. Aller gagner la saison précédente la série de tests en Afrique-du-Sud, nous avait permis de nous positionner par rapport à l'événement Coupe du Monde. En 1994, battre les Blacks chez eux, c'était le moyen de dire au groupe que nous étions capables de battre n'importe qui et n'importe où. » 
Joueur, il avait perdu contre eux, en 1987, la finale la coupe du monde. « Nous avions mal géré la semaine après la demi-finale qui a été le gros match de la compétition. L'Australie était l'équipe la plus forte à cette époque-là, sauf ce jour-là.  En demie,  nous avons laissé beaucoup d'influx sur le plan physique et mental. Nous n'avons pas su nous remobiliser. Et les Néo-Zélandais étaient chez eux. Ils ont été ce jour-là au-dessus de nous. Il y a un moment bascule avant la mi-temps... »


Victoire ou défaite, jouer les « Tout Noirs » est toujours un match à marquer d'une pierre blanche dans une vie de rugbyman. « Dans ma formation, confie Pierre, le jeu néo-zélandais a toujours été ma référence. J'ai eu le privilège de les rencontrer sur le terrain en tant que joueur puis en tant qu'entraîneur. Se confronter à ce qui se fait de mieux est un grand privilège. Qui plus est de le battre chez eux, ça veut dire beaucoup. » Quant à la question de la magie de leur jeu, le technicien constate qu'elle a traversé le temps. « Si la forme change, note-t-il, les principes du jeu néo-zélandais n'ont pas changé. Des principes simples qui ne varient pas : Un capitaine, un buteur et au niveau du jeu : la vitesse. Si aujourd'hui on se focalise sur eux car l'image  est plus présente : le jeu Black a toujours été le même. Dans les années «60 » on les voyait simplement moins. »